" Je m'en vais, dit Ferrer, je te quitte. Je te laisse tout mais je pars. " Elles nous faisaient rire ces phrases d'Echnoz, l'incipit qu'on avait appris par coeur et qu'on se répétait au creux d'un fou rire, un coin d'oreiller. Et puis voila, arrive notre tour et on a le rire jaune, l'air vaguement gêné. La mort, la maladie, tous les trucs dont on pensait qu'ils n'arrivaient qu'aux autres. La rupture. On a l'air con ; on est un con. Moins le malin, tout un chacun... on était contre les phrases toute faites et les expressions... con... venues. Et là, qu'est-ce qu'on a trouvé à se dire. Consternant. Ben voila, euh, t'as pas une clope ? C'est la dernière heure. Celle du condamné à quitter, à se faire quitter, peu importe. C'est un statut quo de toute façon. On ressort KO tous deux. Chaos, cahors, vin qui s'ennuyait un peu en notre compagnie ce soir à ce dîner tellement nous étions plats. On n'a plus rien à se dire en somme. Et ça aussi, c'est un lieu commun. Adieu, ma mie, ma muse, ma douce amie, besoin d'air comme on dit, pense à moi, un peu, parfois, je dédierai mes prochains rêves à ta mémoire.
Sylvain
Sylvain